Villegagnon installe la "France antarctique" au Brésil

Au milieu du XVIᵉ siècle, alors que le Nouveau Monde attise toutes les convoitises, la France tente à son tour l’aventure coloniale. Dans la baie de Guanabara, à l’emplacement de l’actuelle Rio de Janeiro, une poignée d’hommes rêve de fonder un premier avant-poste stratégique...


Villegagnon arrive au Brésil en 1555

En 1555, Nicolas de Villegagnon, chevalier de l’ordre de Malte et vice-amiral de Bretagne, commandité par Henri II, se lance dans une expédition secrète pour prendre pied au Brésil alors sous souveraineté portugaise. En novembre, il arrive dans la baie de Guanabara (devenue Rio de Janeiro) avec 600 colons. Il construit le fort Coligny sur une île qui porte aujourd’hui son nom et projette d’en faire la capitale d’une "France Antarctique".

Ouvert aux idées de la Réforme et pensant que la "France antarctique" pourrait devenir un refuge protestant, il accueille un groupe de calvinistes de Genève en 1557. Mais des conflits religieux éclatent avec les catholiques. Les protestants sont chassés de la forteresse des Français et doivent se réfugier chez les Tupinambas. Horrifiés par l’anthropophagie rituelle des Indiens, ils finiront par quitter définitivement le Brésil.

En 1559, Villegagnon retourne en France. Peu de temps après, en 1560, le fort Coligny est attaqué par les Portugais et les Français qui l’occupent en sont chassés. Moins de cinq ans après sa fondation, c’est la fin de la "France antarctique".

Les Français réfugiés dans la forêt brésilienne où ils s’installent avec les Indiens, parviennent à maintenir une relation commerciale avec la France jusque vers 1567, période à laquelle les Portugais se décident de prendre totalement possession la région.

Attaque des Portugais et des Tupiniquins contre les huttes des Tupinambás (alliés des français)
(gravure de Théodore de Bry)

La France effectue d’autres tentatives de colonisation, au XVIIe siècle. Une ville fut fondée, "Saint-Louis", renommée plus tard São Luís, et représente la seule capitale d’Etat du Brésil qui n’a pas été construite par les portugais ou les brésiliens. 

Quelques ouvrages pour en savoir plus sur cette aventure méconnue

  • Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin
    Roman historique, très documenté , récompensé par un prix Goncourt.
  • Le Brésil d'André Thevet de Frank Lestringanta>
    Reprise d'un récit publié en 1557, Les Singularités de la France Antarctique, ouvrage majeur de la littérature de voyage du XVIᵉ siècle, rédigé dans le contexte de l’expédition française de Villegagnon au Brésil. André Thevet y décrit avec une précision remarquable la flore, la faune et surtout la société des Tupinambas, qui influencera Jean de Léry, Montaigne et, plus tard, le mythe du « Bon Sauvage » chez Diderot et Raynal.
  • Histoire d'un voyage faict en la terre de Brésil de Jean de Léry
    Grand texte littéraire et un puissant récit d’aventures. Écrit par un jeune calviniste engagé dans la tentative de colonisation protestante de la « France antarctique », le livre relate un périple marqué par les tempêtes, les combats navals, les pillages et les épreuves du retour, ainsi que neuf mois passés au contact des Indiens du Brésil. Léry y livre un témoignage vivant et émerveillé sur leur mode de vie, leurs croyances, leurs pratiques quotidiennes et guerrières, y compris l’anthropophagie. Salué par Claude Lévi-Strauss pour sa modernité, l’ouvrage dépasse l’ethnographie pour s’imposer comme une œuvre majeure de la littérature de voyage et un tableau saisissant de l’humanité « primitive ».

Nicolas Durand de Villegagnon et un indigène
source : Serge Elmala/Amazon


Carte du Brésil au XVIe siècle


La baie de Guanabara comme les indigène la nomme.  Un jour de janvier les Portuguais y sont entrés. Ces ignorants croyaient qu'il s'agissait d'une rivière : ils l'ont nommée la « rivière de janvier », Rio de Janeiro.

 Jean-Christophe Rufin

Carte française de la baie de Guanabara dressée vers 1555. Riche en détails, elle montre la confirmation topographique initiale du mont du Pain de Sucre, dénommé initialement « Pot de beurre . Avec les monts Morro Cara de Cão et Urca, elle formait l'île de la Trinidade, qui aujourd'hui fait partie du continent, depuis le remblaiement réalisé à la fin du XVIIe siècle. Les localités sont portées sur la carte en français et en langue locale.