Les Rois mages et l’Épiphanie : la révélation venue d’Orient
Guidés par une étoile, des sages venus d’Orient reconnaissent, selon l’Évangile, la portée exceptionnelle d’un enfant né à Bethléem. Devenus au fil des siècles les "Rois mages", ils sont au cœur de la fête de l’Épiphanie, célébrée le 6 janvier. Entre récit biblique, traditions anciennes et constructions symboliques, leur visite marque le moment où un événement local acquiert une dimension universelle.
Les rois mages (Détail de l'Atlas Catalan - daté 1375)
(Abraham Cresques, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons)
Les Rois mages occupent une place centrale dans l’imaginaire de la Nativité, mais leur rôle prend tout son sens lorsqu’on le relie à l’Épiphanie. Dans l’Évangile selon Matthieu, seule source biblique qui les mentionne, il n’est question ni de rois, ni de leur nombre, ni de leurs noms. Le texte évoque simplement des mages venus d’Orient, guidés par une étoile, qui viennent rendre hommage à l’enfant Jésus. Ces mages sont des savants, probablement astrologues, issus des grands foyers intellectuels de l’Orient antique, pour qui l’observation du ciel permet de lire les signes du monde.
Très tôt, leur venue est interprétée comme une épiphanie, c’est-à-dire une manifestation. Le terme grec signifie « apparition » ou « révélation », et c’est précisément ce que symbolise la visite des mages : pour la première fois, Jésus est reconnu non seulement par son entourage immédiat, mais par des étrangers, venus de loin. L’Épiphanie, célébrée le 6 janvier, ne commémore donc pas la naissance du Christ, mais sa révélation au monde, à travers le regard de ces sages venus d’ailleurs.
Le choix du 6 janvier remonte aux premières traditions chrétiennes d’Orient, où cette date rassemblait plusieurs manifestations du Christ, notamment son baptême et la reconnaissance de sa nature divine. Lorsque l’Église d’Occident fixe Noël au 25 décembre au IVᵉ siècle, l’Épiphanie conserve le 6 janvier et se concentre plus spécifiquement sur la visite des Rois mages. C’est à ce moment que leur rôle devient central dans la liturgie et l’imaginaire populaire, au point que la fête est souvent appelée « fête des Rois ».
Au fil des siècles, les mages deviennent des rois, sous l’influence de lectures symboliques de l’Ancien Testament annonçant que des souverains viendraient offrir des présents au Messie. Leur nombre est fixé à trois, en référence à l’or, l’encens et la myrrhe, dons chargés de sens : la royauté, la divinité et la mort annoncée du Christ. Les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar apparaissent plus tard, dans des traditions médiévales qui donnent chair à ces figures venues d’Orient.
Au Moyen Âge, les Rois mages incarnent l’universalité du message chrétien. Ils sont parfois associés aux trois continents connus de l’époque, et l’un d’eux est représenté comme africain, soulignant que l’Épiphanie n’est pas seulement un épisode de la Nativité, mais l’affirmation que le salut est destiné à tous les peuples. Leurs reliques supposées, conservées à Cologne, et la diffusion de la fête du 6 janvier contribuent à ancrer durablement cette symbolique dans la culture européenne.
D’un point de vue historique, l’existence réelle des Rois mages reste invérifiable. Mais leur importance tient à ce qu’ils représentent. En reliant les Rois mages à l’Épiphanie, le christianisme a fait de ces personnages le symbole d’une révélation progressive : un événement né dans la discrétion de Bethléem prend une portée universelle lorsque des étrangers le reconnaissent. Plus qu’un récit folklorique, leur marche vers l’enfant incarne l’idée que la quête de sens, le savoir et l’ouverture à l’autre peuvent conduire à une vérité qui dépasse les frontières et les cultures.
lire aussi :Épiphanie : l'origine de la galette des Rois
Les mages furent les premiers à comprendre que le Christ n’était pas venu pour un seul peuple, mais pour tous.
Saint Augustin
Sermon sur l’Épiphanie
Souvent relégués au rang de légende, les rois mages font l’objet, dans cet ouvrage, d’une enquête rigoureuse et captivante. En croisant études bibliques, histoire antique, archéologie et astronomie, Dwight Longenecker défend une thèse audacieuse : la visite des mages à Bethléem aurait réellement eu lieu. Il retrace leur origine, leur rôle de savants et de conseillers orientaux, éclaire le sens de l’étoile qui guida leur voyage et suit leur destinée après leur rencontre avec Hérode. Loin des images folkloriques, ce livre redonne chair et crédibilité à l’un des épisodes les plus mystérieux de la tradition chrétienne.