Vésale : de pilleur de cadavres à médecin des rois

Le parcours novateur d’un des pères fondateurs de l’anatomie et de la médecine moderne.

 

André Vésale faisant une autopsie
(Jean-Baptiste Bertrand, CC BY-SA 3.0 )

Né à Bruxelles en 1514, André Vésale a tout juste 14 ans quand il entre l’Université de Louvain. A 18 ans il part suivre des cours de médecine à l’université de Paris. À l’époque, les cours universitaires d’anatomie consistent en une lecture des textes de Galien tandis que dans des locaux qui ne portaient pas encore le nom de théâtres d’anatomie, un barbier autopsie le plus souvent un chien, et deux fois pendant la saison hivernale un corps humain de pendu. C’est à cette époque que naît l’intérêt de Vésale pour l’anatomie : il demande les corps des pendus au gibet de Montfaucon et on le voit souvent examiner des os déterrés au cimetière des Innocents. Il étudie ces corps et apprend à les disséquer.
Après un bref retour en Belgique où il publie son premier livre d’anatomie, il se rend en Italie où il obtiendra, en 1537, un doctorat de l’Université de Padoue, réputée dans toute l’Europe pour sa grande liberté de recherche. Nommé professeur d’anatomie et de chirurgie, Vésale devient célèbre pour son expertise en anatomie et sa capacité à enseigner cette matière aux étudiants. On lui fournit les dépouilles de condamnés et les juges vont jusqu’à caler les exécutions sur le programme des cours de l’anatomiste, qui procède lui-même aux dissections devant un large public. Avec Vésale, l’observation directe est devenue la seule source fiable de connaissance et cette révolution entraîne une rupture considérable avec la pratique médiévale.
Il publie de nombreux livres de médecine abondamment illustrés de schémas anatomiques détaillés, qu’il a lui-même réalisés ou fait dessiner par des artistes
En 1544, Cosme Ier de Médicis, qui encourage les savants les plus novateurs, l’invite à l’université de Pise. “Vous aurez autant de cadavres que vous le souhaitez !” lui assure Cosme pour le convaincre à venir. André Vésale ne reste pourtant que quelques mois à Pise. Sa réputation est désormais si grande que l’empereur Charles Quint lui demande d’être son médecin personnel. Demandé de toutes parts dans les cours des grands souverains d’Europe, il sera appelé pour soigner Philippe II d’Espagne ou encore au chevet chevet du roi de France Henri II, blessé à l’œil par une lance lors du tournoi des Tournelles et qui décédera quelques jours plus tard.

André Vésale meurt à 49 ans, en 1564, lors d’un voyage vers la Terre sainte, terrassé par le typhus. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des pères fondateurs de l’anatomie et de la médecine moderne.


La médecine, c'est un art qu'on exerce, en attendant qu'on le découvre.

Emile Deschamps



Histoire thématique


Gravure sur bois de Vecellio
Tiziano , dit le Titien,
source : Gallica (gallica.bnf.fr)

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.