Le tapis, l’un des objets les plus anciens de l’histoire humaine, est devenu œuvre d’art et témoin des civilisations. Né de la nécessité de survivre au froid et à l’errance, il s’est peu à peu chargé de symboles, de pouvoir et de mémoire, au point de devenir un véritable livre  racontant les sociétés qui l’ont produit.


Tapis de Pazyryk, daté du Ve siècle av. J.-C. : sans doute le plus vieux tapis au monde encore conservé.

Du sol à l’univers symbolique

Les premiers tapis apparaissent bien avant les palais et les musées, dans les steppes d’Asie centrale. Pour les peuples nomades, il s’agit avant tout de se protéger du froid, de l’humidité et de la rudesse du sol. Mais très tôt, ces surfaces tissées deviennent des supports d’expression. Le plus ancien tapis noué connu, celui de Pazyryk, daté du Ve siècle avant notre ère, témoigne déjà d’une maîtrise technique et d’un vocabulaire décoratif élaboré. Les motifs géométriques et animaliers ne sont pas décoratifs au sens moderne : ils protègent, racontent l’appartenance à un clan, inscrivent l’individu dans un cosmos ordonné.

Tapis de Sibérie (musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg)
(Garrett Ziegler, CC BY-SA 2.0)

L’âge d’or oriental

Avec la sédentarisation et la formation des grands empires, le tapis quitte progressivement la tente pour le palais. En Perse, en Anatolie ou dans le Caucase, il devient un art majeur. Les ateliers impériaux perfectionnent les techniques de nouage et développent des compositions complexes, souvent inspirées du jardin, image du paradis dans la culture islamique. Le tapis de prière, orienté vers La Mecque, illustre cette fusion entre fonction, esthétique et spiritualité. Transporté par les caravanes de la route de la soie, le tapis circule comme un bien précieux, parfois offert en cadeau diplomatique, parfois échangé contre de l’or.

Échantillons de tapis d'orient
Source : Sardje (expert à Nice) - CC BY-SA 4.0 

L'Europe découvre les tapis

Lorsque les tapis orientaux arrivent en Europe au Moyen Âge, ils suscitent fascination et convoitise. Trop précieux pour être foulés, ils sont exposés sur les tables ou suspendus aux murs. Dans les tableaux de la Renaissance, notamment chez les peintres flamands, le tapis devient un signe ostentatoire de richesse et d’ouverture au monde. Progressivement, les monarchies européennes cherchent à s’approprier ce savoir-faire. En France, les manufactures de la Savonnerie et d’Aubusson adaptent les techniques orientales aux goûts occidentaux, privilégiant la symétrie, les scènes figuratives et les décors inspirés de l’Antiquité.

Le XIXe siècle marque un tournant décisif. L’industrialisation permet une production plus rapide et moins coûteuse. Le tapis entre dans les intérieurs bourgeois, puis populaires, perdant en partie son aura d’exception. Paradoxalement, c’est à ce moment que le tapis artisanal ancien est redécouvert comme œuvre d’art, collectionnée et exposée dans les musées. Au XXe siècle, designers et artistes contemporains s’en emparent à leur tour, détournant ses formes et ses motifs pour interroger l’identité, la mémoire ou l’exil.

Un objet qui parle encore

Aujourd’hui, le tapis oscille entre produit de décoration, héritage artisanal et support de création artistique. Derrière ses fibres se lisent toujours les grandes dynamiques de l’histoire humaine : le passage du nomadisme à la sédentarité, les échanges entre Orient et Occident, la tension entre tradition et modernité.

Objet humble et universel, le tapis est bien plus qu’un simple décor. Il est une archive silencieuse, tissée de gestes répétés et de motifs transmis. À l’heure où l’artisanat retrouve une valeur symbolique face à la production de masse, le tapis pourrait bien redevenir ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un récit du monde, posé sous nos pas.

Tapis contemporains et tradition (Prestige du tapis)



Un tapis n’est jamais seulement décoratif : il est une surface habitée.

Oleg Grabar,


Les tapis de la Savonnerie

Créés au XVIIᵉ siècle à Paris, les tapis de la Savonnerie comptent parmi les plus prestigieux tapis européens. Produits pour la monarchie française, notamment sous Louis XIV, ils sont réalisés à la main selon une technique de nouage dense donnant un velours épais et luxueux. Conçus pour les grands décors des palais, comme le Louvre ou Versailles, leurs motifs classiques — fleurs de lys, rinceaux, emblèmes royaux — traduisent une esthétique du pouvoir et de la grandeur. Aujourd’hui intégrés à la manufacture des Gobelins, ils incarnent l’ambition française de rivaliser avec les tapis d’Orient et d’affirmer un art textile d’État.

Tapis de la Savonnerie pour l'estrade du trône au château de Versailles (1724)


Reconnaitre Les Tapis.

Ce livre invite à un voyage remarquablement enrichissant à travers une centaine de photos. Il donne la "carte d'identité" de plus de quatre-vingts provenances aux noms enchanteurs: Ispahan, Kashan, Tabriz, Ghom. De la pièce en laine la plus simple à celle en soie plus que centenaire, l'ouvrage, tout en faisant rêver, familiarise avec le merveilleux domaine du tapis d'Orient.


Ce livre, écrit par des plumes qui font autorité, est doté d'une iconographie riche et inédite. Il évoque, entre autres,  tous les acteurs majeurs de cette discipline en ce début du XXIe siècle.


Tapis d'artisanat d'art : manufacture Cogolin

Cet ouvrage dévoile les secrets et les trésors de cette maison centenaire qui a habillé les intérieurs du monde entier : du paquebot Normandie au Palais de L'Elysée et de la Maison Blanche au Vatican


Prestige du Tapis, un des leaders du tapis de tradition dans le monde, est présent à Paris. Cette société pionnière est spécialisée dans tous les différents types de tapis persans, anciens, modernes ou contemporains. Achat, vente, rénovation et entretien.