L’argent de la Révolution : l’ascension et la chute des assignats

Publié le 11 décembre 2025 à 18:15

Nés dans l’urgence d’un État en faillite, les assignats furent l’une des expériences économiques les plus audacieuses — et les plus explosives — de la Révolution française. Pensés pour sauver les finances du royaume en s’appuyant sur les biens nationalisés du clergé, ces billets de papier finirent par déclencher une spirale inflationniste qui bouleversa le quotidien des Français. Entre innovation monétaire et catastrophe annoncée, retour sur la brève mais spectaculaire épopée du billet révolutionnaire.


À l’été 1789, la Révolution est en marche… mais les caisses de l’État sont vides. Ruine fiscale, dettes colossales, perception des impôts paralysée : la jeune Assemblée nationale doit trouver des fonds — vite. C’est alors qu’émerge une idée aussi brillante que risquée, portée par Talleyrand et Mirabeau : créer une monnaie garantie par les biens du clergé, récemment nationalisés.

L’assignat est né.

Assignat de or 15 sols, émis par les  Domaines Nationaux, 1793
( the Smithsonian Institution, CC0.)

Les premiers assignats sont des sortes de bons hypothécaires portant intérêt. Leur valeur repose sur la vente des “biens nationaux” : les immenses propriétés du clergé, désormais confisquées au profit de la Nation.

Mais très vite, pour répondre aux besoins criants de liquidités, l’Assemblée transforme ces bons en véritable monnaie. L’assignat devient un billet que l’on s’échange au marché, que l’État utilise pour payer ses fournisseurs, et que les citoyens emploient pour acheter les terres vendues aux enchères.

Pour la première fois dans l’histoire de France, une grande partie de la population manipule un papier-monnaie.

Paysan encaissant ses assignats auprès d'un changeur.
Gouache de Jean-Baptiste Lesueur, Paris, musée Carnavalet.

Au début, l’expérience séduit. Les transactions repartent, les ventes de terres se multiplient, et l’économie semble respirer à nouveau.

Mais la méfiance n’est jamais loin : que vaut vraiment un billet adossé à des biens que tous ne voient pas ? Les rumeurs courent. Les spéculateurs aussi.

À partir de 1792, la situation se dégrade. La France entre en guerre, l’État tremble, et la planche à billets s’emballe. Les émissions d’assignats dépassent largement la valeur des biens nationaux.

Résultat : les prix flambent, les épargnants s’appauvrissent, les commerçants n’acceptent plus les assignats qu’à contrecœur, le marché noir prospère.

En 1795, c’est l’effondrement : l’assignat ne vaut plus rien. Il est retiré de la circulation dans un mélange de colère, d’amertume… et de soulagement.

Longtemps, l’assignat a servi d’exemple classique de monnaie fiduciaire incontrôlée, brandi dans les manuels comme un avertissement. Pourtant, cette expérience révèle aussi un moment de créativité politique extraordinaire, où une France en reconstruction tente de réinventer ses outils économiques.

Les assignats ont contribué à transformer la propriété foncière, en faisant passer des millions d’hectares aux mains de citoyens, à diffuser la monnaie papier dans la société française et à financer la Révolution dans ses premières années cruciales.

Un échec économique ? Oui.

Une aventure politique unique ? Assurément.

La confiance publique est l’âme de la monnaie.

 

 Mirabeau (1790)


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