En inventant l’enquête sur le passé, Hérodote a posé les bases d’une démarche qui distingue le récit mythique de l’analyse des faits. Des sources aux preuves, de la vérité historique à la mémoire collective, cet article explore le travail de l’historien : une quête toujours inachevée...


Hérodote, le père de l'Histoire

Depuis toujours le passé nourrit des légendes ou des récits, plus ou moins mythifiés.
Au Ve siècle avant JC, Hérodote écrit son chef d’œuvre Historíai, terme grec d’où vient notre mot Histoire, qui signifie enquêtes. L’ouvrage concerne l’empire achéménide et notamment les guerres médiques, les guerres qui opposent les Perses et les Grecs. Hérodote expose les faits établis, leur contexte et leurs causes. Cette approche novatrice vaudra à Hérodote son surnom de père de l’Histoire.

Les matériaux de l'historien

Si faire de l'histoire c'est raconter un récit, l’historien n’est pas pour autant un romancier. L'historien s’appuie sur les matériaux à sa disposition. Ces matériaux, les sources de l’historien et ses preuves, sont multiples : les documents écrits (lettres, journaux, décrets, lois, actes notariés, registres de naissance, mariage et décès, statistiques, etc.), les documents visuels (photographies, peintures, gravures, fresques, tapisseries, cartes postales, caricatures, affiches, films d’archive, etc.). Les sources iconographiques visualisent des informations sur le contexte, la culture et les événements d’une époque. Les objets sont aussi de précieux matériaux : outils, vêtements, poteries, bijoux, armes, restes alimentaires... Des informations se trouvent par ailleurs sur monuments, des bâtiments, des vestiges archéologiques… Les documents sonores sont aussi précieux quand ils sont disponibles : discours, les témoignages, les entretiens, les traditions orales enregistrées ...

L'historien distingue les sources primaires contemporaines des événements, des sources secondaires, les documents produits après les événements.
Enfin des informations sur les mentalités et les modes de vie d’une époque se trouvent aussi dans les œuvres littéraires : romans, pièces de théâtre, essais, récits autobiographiques...
L'historien doit évaluer la fiabilité, la partialité, et la pertinence de chaque source afin de hiérarchiser et interpréter ces matériaux pour restituer le passé de manière aussi précise et objective que possible.

Vérité et histoire

L'histoire a un rapport très complexe avec la vérité. De fait la vérité historique n'est pas absolue. Soucieux d'objectivité, l'historien cherche à montrer la réalité des faits et de leurs déroulements. Il s'appuie sur des preuves documentées pour reconstruire le passé le plus fidèlement possible mais il ne peut échapper à l’influence de son présent, ni de la culture dans laquelle il baigne, ni de ses préjugés. Sa propre perspective dépend de la sélection et de l'interprétation des sources qu’il utilise. Malgré son désir d’objectivité il ne peut échapper à une certaine subjectivité.

L'histoire n'étant pas une simple collection de faits, mais un récit établi à partir de ces faits, les choix narratifs, les omissions et les emphases jouent un rôle crucial dans la construction de ce récit. La manière dont ce récit est construit peut influencer la perception de la vérité historique.

La mise à disposition d'archives classées ou de nouvelles preuves peuvent aussi mener à revoir les interprétations historiques ou à les nuancer. A l'inverse, la négation délibérée de faits établis, le négationnisme, altère la vérité historique pour des raisons idéologiques ou politiques. L'écriture de l'Histoire est aussi un produit des rapports de force et des structures sociales.

Mémoire et histoire, deux notions différentes mais complémentaires

La mémoire permet de se rappeler des évènements passés. C'est une ressource précieuse pour l’historien. La mémoire offre l'apport des vécus individuels qui enrichissent et complètent la compréhension du passé. Elle est néanmoins subjective et doit être utilisée avec précaution. Deux personnes n’auront pas le même souvenir d’un même évènement.
La mémoire individuelle se distingue en outre de la mémoire collective, la vision sélective du passé par un groupe ou une nation. La mémoire collective joue un rôle dans la manière dont les sociétés se rappellent et interprètent le passé. La mémoire qui relève d’un rapport affectif aux évènements est influencée par le milieu culturel, les traditions ou les mythes locaux. Elle peut devenir sélective, partielle voire partiale. Les mémoires, plurielles et parfois contraires, sont susceptibles de manipulations et d'instrumentalisation. Si l'Occident a une vision chevaleresque des croisades, pour les musulmans elles illustrent la barbarie chrétienne du Moyen Âge. Le souvenir du massacre des arméniens par les Turcs en 1915 est un génocide pour de nombreux pays alors qu'il est nié en Turquie. La mémoire peut entrer en conflit avec la vérité historique quand le roman national refuse l'objectivité des historiens. L'objectivité de l'histoire peut aussi être biaisée par la nécessité de servir un projet politique comme la reconstruction nationale à l'issue d'un conflit. Il se développe alors une mémoire collective adaptée à la nécessité du moment.

L'histoire, domaine scientifique toujours inachevé, et la mémoire se complètent. A condition de tenir compte de la subjectivité de la mémoire et de sa possible instrumentalisation.

 

L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. 

Marc Bloch

Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien


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Charlemagne prend des décisions majeures pour restaurer les écoles de la Gaule romaine. Les Romains avaient en effet créé un système éducatif dans tout l’Empire, destiné aux enfants à partir de 7 ans et issus de familles riches, l’enseignement étant à l’époque très coûteux. Charlemagne entend aussi ouvrir l’école à des enfants plus modestes. Il recommande aux évêques d’attirer à eux les enfants de serfs comme les fils des hommes libres. Il demande de mettre en place, dans les églises et dans les monastères, des écoles pour enseigner aux enfants à lire, à chanter, à compter, enfin de veiller à ce que les psautiers, les livres de musique, d’arithmétique et de grammaire soient d’une parfaite correction.

Charlemagne recevant Alcuin,
toile de Jean-Victor Schnetz 

Dans les faits, malgré le souhait de l’empereur à la barbe fleurie, l’éducation ne s’est toutefois pas réellement étendue aux couches populaires. Elle est restée longtemps réservée à une élite et il a fallu attendre le 19ème siècle pour que l’éducation finisse par se démocratiser en Europe.

Dans la salle de classe, proche de l’église, les enfants sont sagement assis, une tablette entre les mains. Ils écoutent une jeune femme avenante, la Grammaire, leur expliquer les règles du latin. Cette illustration orne les pages d’un ouvrage de Martianus Capella. Ce manuel « scolaire » connaît un immense succès tout au long du Moyen Âge.  Source : Bibliothèque nationale de Franc