1908 : quand le klaxon entre en scène et que Paris apprend à dompter le bruit

Au début du XXᵉ siècle, l’arrivée de l’automobile transforme radicalement les rues de Paris… et leur paysage sonore. Avec le klaxon, invention aussi utile que bruyante, se pose très tôt la question de la régulation du progrès. Dès 1908, la Préfecture de police tente d’imposer des règles à cette nouvelle cacophonie urbaine, inaugurant une longue histoire de lutte contre les nuisances sonores.


Examen par la commission technique de la Préfecture de police de Paris, des avertisseurs pour automobiles
(1929,[Agence Rol] -
 Gallica .bnf.fr/BnF)

Au début du XXᵉ siècle, l’irruption de l’automobile bouleverse le paysage urbain parisien… et son ambiance sonore. Pour signaler leur présence sans mettre en danger piétons et chevaux, les conducteurs adoptent une innovation venue des États-Unis : le klaxon, breveté en 1908 par la société Lovell-McConnell. Son nom, issu du grec klazō (« hurler »), s’impose si fortement qu’il remplace bientôt l’expression officielle d’« avertisseur sonore ».

Mais très vite, l’utilité se mue en cacophonie. Face à la multiplication des bruits stridents, la Préfecture de police de Paris intervient. Dès les années 1910, elle met en place une commission technique chargée d’homologuer les avertisseurs automobiles. Objectif : garantir la sécurité sans sacrifier la tranquillité publique. Les règles sont précises : son audible mais non excessif, interdiction des klaxons musicaux sur la voie publique, réserves strictes pour les sirènes et dispositifs pneumatiques. Les contrôles se généralisent, et l’usage abusif du klaxon est sanctionné.

Cet encadrement pionnier pose les bases de la réglementation moderne. Aujourd’hui encore, le Code de la route limite l’usage du klaxon aux situations de danger immédiat, notamment en ville. L’histoire du klaxon rappelle ainsi que, face aux innovations techniques, la régulation du bruit urbain est une préoccupation ancienne, où se joue un équilibre délicat entre progrès, sécurité et qualité de vie.

En 1926, l'avertisseur est déjà bien à sa place, de la Baule à l'avant de  cette Citroën participant au rallye automobile féminin, (Agence Rol] - Gallica .bnf.fr/BnF)


En voiture Simone, c’est moi qui conduis, c’est toi qui klaxonnes ! 

Guy Lux 

Animateur de télévision du siècle dernier


A lire

Longtemps célébrée comme un objet quasi sacré — Roland Barthes voyait en elle la cathédrale moderne — l’automobile a profondément façonné le monde contemporain. Si sa magie semble aujourd’hui s’être dissipée, son histoire reste une aventure humaine et technique hors du commun. De ses balbutiements au XVIIIᵉ siècle à son triomphe industriel et culturel, L’Incroyable Histoire de l’automobile retrace la manière dont la voiture a transformé les sociétés, les paysages et les imaginaires. Porté par le regard croisé d’un historien, d’un scénariste et d’un dessinateur, ce livre redonne toute sa profondeur à une invention qui a marqué durablement notre modernité.