Insaisissable, intrépide et surnommée “la Souris blanche” par la Gestapo, Nancy Wake a multiplié les coups d’éclat contre l’occupant nazi. Derrière son allure mondaine se cachait une combattante d’exception, chef de réseau et meneuse d’hommes, dont la prime sur la tête fut l’une des plus élevées de la Seconde Guerre mondiale. Courage, intelligence et humour furent ses armes les plus redoutables contre l’ennemi.
Nancy Wake en 1945, une femme de l’ombre devenue légende.
Une jeune femme libre dans une Europe en feu
Née en 1912 à Wellington, en Nouvelle-Zélande, Nancy Grace Augusta Wake grandit en Australie avant de s’installer en Europe dans les années 1930. Brillante, indépendante, passionnée par le voyage, elle devient correspondante de presse à Paris. Lors d’un reportage en Allemagne, elle assiste à une scène de violence nazie contre des Juifs dans les rues de Vienne : ce choc marquera le début de son engagement contre le fascisme.
Mariée à un industriel français, Henri Fiocca, elle mène une vie confortable à Marseille… jusqu’à ce que la guerre éclate. Très vite, l’Occupation la transforme en combattante.
La “Souris blanche” de la Résistance
Dès 1940, Nancy Wake entre dans la Résistance. Elle se spécialise dans les filières d’évasion, aidant des soldats britanniques, des résistants et des Juifs à passer en Espagne via les Pyrénées. Audacieuse, charismatique et dotée d’un sang-froid exceptionnel, elle échappe plusieurs fois aux arrestations.
La Gestapo la surnomme bientôt “la Souris blanche”, car elle semble insaisissable. Sa tête est mise à prix à cinq millions de francs, une somme considérable pour l’époque.
Le drame personnel et l’engagement armé
En 1943, traquée, Nancy Wake parvient à fuir vers l’Angleterre. Son mari, resté à Marseille, est arrêté, torturé et exécuté par les nazis — un fait qu’elle apprendra après la guerre.
Intégrée au Special Operations Executive (SOE) britannique, elle suit un entraînement militaire complet : parachutisme, maniement des explosifs, techniques de sabotage et de guérilla. En 1944, elle est parachutée en Auvergne pour coordonner les maquis avant le Débarquement.

Maquisards français et deux officiers britanniques parachutés du SOE.
Saboteuse et chef de guerre
Sur le terrain, Nancy Wake n’est pas seulement messagère : elle organise le ravitaillement en armes et munitions, planifie des sabotages contre les voies ferrées et mène elle-même des actions armées. On lui attribue notamment la neutralisation d’un poste allemand à mains nues pour éviter de faire du bruit.
Sous son commandement, les maquisards mènent de multiples attaques qui paralysent les communications allemandes dans la région, contribuant ainsi à faciliter l’avance des Alliés après juin 1944.
Une reconnaissance tardive
Après la guerre, Nancy Wake reçoit de nombreuses décorations : la George Medal britannique, la Médaille de la Résistance française, la Croix de Guerre avec palmes, ainsi que la Légion d’honneur. Elle est également décorée par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.
Pourtant, sa carrière d’après-guerre reste discrète. Elle tente la politique en Australie, puis travaille pour les services de renseignement britanniques. Elle s’éteint à Londres en 2011, à l’âge de 98 ans, dans la maison de retraite des anciens combattants de Chelsea.
Le visage féminin de la Résistance
Nancy Wake incarne une figure rare de la Seconde Guerre mondiale : celle d’une femme à la fois espionne, combattante et stratège militaire. Sa vie, entre drame personnel et exploits clandestins, rappelle que la guerre ne fut pas seulement affaire d’hommes, et que certaines héroïnes ont joué un rôle déterminant… tout en restant longtemps dans l’ombre de l’histoire officielle.

Je n’étais pas là pour tricoter. Mon travail était de tuer les Allemands.
Nancy Wake
Nancy Wake dans le maquis
La fausse carte d'identité française
de la résistante Nancy Wake
Des citoyens juifs sont forcés de s'agenouiller et de nettoyer le sol sous le regard de nazis et d'habitants viennois. Avril 1938
Nancy Wake de retour en Australie vers 1960