Silence, on klaxonne !” : comment la Préfecture de police de Paris a imposé l’ordre dans le concert des premiers avertisseurs automobiles 


Examen par la commission technique de la Préfecture de police de Paris, des avertisseurs pour automobiles
(1929,[Agence Rol] -
 Gallica .bnf.fr/BnF)

Paris, début du XXe siècle. Les rues de Paris s’animent de plus en plus de ces drôles d’engins motorisés : les automobiles. Mais avec leur arrivée, un nouveau défi émerge : comment signaler sa présence sans effrayer les chevaux, ni troubler la quiétude des piétons ? La réponse viendra d’une : le klaxon. Derrière ce nom, aujourd’hui passé dans le langage courant, se cache une histoire mêlant innovation technique, réglementation pionnière et enjeux de sécurité publique.

L’invention qui a changé le paysage sonore

En 1908, la société américaine Lovell-McConnell Manufacturing Company dépose le brevet d’un dispositif révolutionnaire : l’avertisseur sonore électrique, baptisé « Klaxon » en référence au verbe grec klazō, « hurler ». Ce nom deviendra si célèbre qu’il éclipsera le terme technique « avertisseur sonore », comme « Frigidaire » pour les réfrigérateurs. Les premiers klaxons, souvent mécaniques (actionnés par une manivelle), produisaient un son strident destiné à alerter les autres usagers de la route. Rapidement, ils se démocratisent et s’électrifient, devenant un équipement indispensable des automobiles naissantes.

En 1926, l'avertisseur est déjà bien à sa place, de la Baule à l'avant de  cette Citroën participant au rallye automobile féminin, (Agence Rol] - Gallica .bnf.fr/BnF)

La Préfecture de police face à la cacophonie naissante

Avec l’essor de l’automobile, les . Dès les années 1910, la Préfecture de police de Paris, chargée de la réglementation routière, se trouve confrontée à un double défi : garantir la sécurité des usagers tout en limitant les désagréments pour les riverains. Elle met en place une commission technique chargée d’homologuer les dispositifs sonores installés sur les véhicules.

Les critères d’homologation :

  • Le klaxon devait émettre un son audible et identifiable, sans être excessivement bruyant ou musical (les sur la voie publique).
  • Les dispositifs mécaniques ou pneumatiques (comme les sirènes) étaient réservés aux , mais pas pour une utilisation courante.
  • Chaque véhicule devait être équipé d’un avertisseur conforme aux normes techniques, sous peine de refus lors des contrôles

Les contrôles et sanctions :

  • Lors des immatriculations ou des contrôles techniques, les agents vérifiaient la conformité des klaxons. Un dispositif défectueux ou non homologué entraînait une contre-visite obligatoire.
  • L’usage intempestif du klaxon, même à l’époque, était sanctionné pour préserver la tranquillité publique, notamment en agglomération

Un héritage réglementaire toujours actuel

Les règles posées par la Préfecture de police au début du XXe siècle ont jeté les bases de la réglementation actuelle. Aujourd’hui encore, le : interdits en ville sauf danger immédiat, ils doivent rester brefs et adaptés. Les klaxons musicaux ou trop puissants, héritiers des fantaisies d’antan, restent prohibés sur la voie publique.

L’aventure du klaxon illustre comment une innovation technique, née d’un besoin de sécurité, a rapidement dû être encadrée pour concilier progrès et qualité de vie. À l’heure où les villes cherchent à , cette page d’histoire rappelle que la réglementation des transports a toujours été un équilibre délicat entre liberté, sécurité et respect du cadre de vie.


En voiture Simone, c’est moi qui conduis, c’est toi qui klaxonnes ! 

Guy Lux 

Animateur de télévision du siècle dernier


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