Chaque grande cloche a un nom de baptême et une note musicale unique. Le « bourdon » Emmanuel, la plus célèbre d’entre elles, installé dans la tour sud depuis 1686, pèse plus de 13 tonnes et sonne en fa.
Elles ont rythmé les grandes heures de Paris depuis plus de huit siècles, mais rares sont ceux qui connaissent leurs noms, leurs caractères et même… leurs voix. Les cloches de Notre-Dame de Paris, véritables instruments de bronze, sont bien plus qu’un carillon : ce sont des êtres sonores, témoins d’une histoire aussi musicale que spirituelle.
La plus célèbre d’entre elles, Emmanuel, trône dans la tour sud depuis 1686. Fondue sous Louis XIV, bénie par Bossuet, elle pèse plus de treize tonnes et chante un fa dièse grave qui résonne à des kilomètres à la ronde. Elle sonne seule pour les grandes célébrations — couronnements, funérailles nationales, libération de Paris — et, selon la tradition, elle aurait même vibré spontanément à la mort de Voltaire et de Victor Hugo.
Dans la tour nord, huit autres cloches ont repris vie en 2013, lors d’une refonte historique pour le 850ᵉ anniversaire de la cathédrale. Portant des prénoms chargés de sens – Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie – elles recréent aujourd’hui l’harmonie perdue de l’ensemble médiéval, détruit à la Révolution. Chaque cloche a une note, un timbre, une personnalité : ensemble, elles forment un accord de douze tonnes de bronze, une véritable polyphonie sacrée.
Ces voix de métal ont sonné les gloires et les tragédies : l’entrée de Charles VII, la fin de la Commune, les deux guerres mondiales. Leur son rythme encore aujourd’hui les grandes heures de la nation, rappelant que Notre-Dame n’est pas seulement une œuvre de pierre, mais une cathédrale vivante, vibrante, qui parle à travers le vent et le temps.
Les cloches de Notre-Dame remise en état après l'incendie de 2019
(Thesupermat, CC BY-SA 3.0)
Les cloches rescapées du feu
Lors de l’incendie du 15 avril 2019, les flammes ont dévoré la charpente et la flèche de Notre-Dame, mais les tours et leurs cloches ont tenu bon.
Recouvertes de suie et de plomb fondu, elles ont été sauvées de justesse par les pompiers et nettoyées avec minutie dans les mois suivants.
Le grand bourdon Emmanuel, en service depuis 1686, n’a subi aucun dommage.
Ses compagnes installées en 2013 — Marie, Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie — ont, elles aussi, conservé leur timbre et leurs noms de baptême.
Selon la tradition, une cloche bénie garde sa voix tant qu’elle n’est pas refondue.
Aujourd’hui encore silencieuses, ces voix de bronze patientent au-dessus de la nef restaurée.
Elles sonneront de nouveau à la réouverture de la cathédrale — comme un signal de renaissance, après avoir triomphé du feu et du temps.
Les cloches sont la voix des pierres ; quand elles se taisent, la ville devient muette.
Victor Hugo
Notre-Dame de Paris (1831)
A lire
Le 15 avril 2019, sous les yeux incrédules du monde entier, la charpente et la flèche de Notre-Dame de Paris se transforment en brasier ardent, avant de disparaître du paysage parisien, entièrement consumées après avoir ouvert des brèches béantes dans les voûtes de la cathédrale. L’émotion est immense. Du monument profondément meurtri à sa renaissance en cinq ans, ce livre raconte l’histoire de l’un des plus fascinants chantiers du xxi e siècle. C’est aussi un prodigieux défi, relevé dans l’enthousiasme et la fierté, au cœur de la cathédrale et dans des ateliers partout en France. Rebâtir Notre-Dame de Paris est le livre officiel de cette formidable aventure humaine, illustré par plus de 250 photographies et plans, enrichi de témoignages exclusifs des compagnons, artisans d’art, architectes et ingénieurs qui ont œuvré, ensemble, à relever Notre-Dame de Paris.
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