8 décembre 1955 : l’Europe se donne un drapeau

Le 8 décembre 1955, à Strasbourg, le Conseil de l’Europe adopte officiellement le drapeau bleu aux douze étoiles d’or qui deviendra, bien plus tard, l’un des symboles les plus reconnaissables de l’Union européenne. À l’époque, il ne s’agit pas encore d’un emblème communautaire au sens politique : il représente avant tout une Europe en quête d’unité morale et culturelle après les ravages de la Seconde Guerre mondiale.


Le choix du motif n’est pas anodin. Le bleu renvoie à l’idée de paix, tandis que les douze étoiles, disposées en cercle, n’évoquent pas un nombre d’États — ils ne sont alors que quinze membres du Conseil de l’Europe — mais une valeur symbolique : douze comme la perfection, l’harmonie, la plénitude. Le graphiste Arsène Heitz, inspiré notamment par des références artistiques et religieuses, propose ce design, adopté à l’unanimité.

Ce drapeau simple et puissant connaît une fortune remarquable : en 1986, la Communauté économique européenne (CEE) l’adopte à son tour, lui conférant une portée politique et institutionnelle. Aujourd’hui encore, il accompagne les avancées comme les crises du projet européen. Symbole d’une aspiration à la paix durable, né au cœur de la reconstruction, il rappelle qu’avant d’être une union d’États, l’Europe fut un espoir.

En regardant ce drapeau aujourd’hui, l’Europe apparaît plus que jamais partagée entre espoirs et incertitudes. Les crises successives — économiques, migratoires, sanitaires, puis le retour de la guerre sur le continent — ont mis à l’épreuve la cohésion des États membres. Pourtant, dans ce contexte géopolitique mouvant, l’Union européenne demeure un espace unique de coopération, de libertés et de solidarité. Face aux tensions mondiales, aux recompositions des alliances et aux défis climatiques, beaucoup y voient encore un rempart fragile mais indispensable. Le cercle des douze étoiles continue ainsi de symboliser une promesse : celle d’une Europe capable de douter, mais aussi de se réinventer pour peser sur son avenir commun.

Un jour viendra où vous, France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne.

Victor Hugo