La force doit protéger la paix, non l’enterrer

Publié le 28 septembre 2025 à 13:56

Albert Einstein, avec le recul du savant sur la folie des hommes, lançait cet avertissement glaçant : « Je ne sais pas avec quelles armes on fera la Troisième Guerre mondiale, mais la Quatrième se fera avec des bâtons et des pierres. » Derrière cette formule, il y a toute l’intuition tragique de ce que serait un conflit total à l’ère nucléaire : l’effacement de la civilisation, le retour à la préhistoire.

Or, aujourd’hui, le spectre d’une conflagration n’a rien d’un souvenir poussiéreux de la guerre froide. La guerre en Ukraine, la confrontation larvée en mer de Chine, les menaces verbales échangées par puissances interposées, les démonstrations de force militaires — tout cela contribue à entretenir une atmosphère où l’escalade semble toujours possible, parfois même recherchée.

C’est là que réside le danger : dans cette tentation de la surenchère, dans ces discours irresponsables où l’on confond fermeté et bravade, dissuasion et va-t-en-guerre. Les mots, lorsqu’ils attisent le feu, préparent aussi les gestes irréparables. L’Histoire nous a appris que les grandes guerres naissent souvent d’un enchaînement de malentendus, de postures rigides, d’incapacité à reculer sans perdre la face.

Faut-il pour autant renoncer à se défendre ? Certainement pas. L’adage romain si vis pacem, para bellum — « si tu veux la paix, prépare la guerre » — conserve toute sa pertinence : il rappelle que la faiblesse attire l’agression. Mais il n’autorise en rien la fuite en avant, ni la fascination morbide pour l’affrontement. Il doit s’entendre comme une politique de prudence, non comme une invitation à provoquer.

À l’heure où les arsenaux nucléaires suffiraient à anéantir l’humanité plusieurs fois, il est plus urgent que jamais de renouer avec la responsabilité, la mesure et la diplomatie. L’histoire et la géopolitique ne sont pas des jeux de stratégie abstraits : elles engagent la chair et le sang des peuples. Notre devoir collectif est de nous souvenir que le prix de l’escalade, cette fois-ci, pourrait être le silence des pierres.

Jacques Carles

Que sais-je ? La durée de notre vie n’est qu’un point, sa substance fluente, ses sens obscurs. 

Montaigne (Essais, II, 12)


La chanson de Noir Lumière

L'amour, seule loi

Dans un monde qui change, s’agite, se divise… une seule chose résiste au temps, aux frontières, aux douleurs : l’amour. C'est la seule valeur universelle de la vie. Merci de l’écouter avec le cœur. Partagez la si ça résonne en vous...