Dans un désert d’Égypte classé au patrimoine mondial de l’Unesco, des fossiles uniques au monde racontent une histoire incroyable : celle du retour des mammifères terrestres vers la mer.
Il est difficile, en observant le ballet majestueux d’une baleine à bosse ou la silhouette massive d’un cachalot, d’imaginer que ces géants des mers furent un jour… des animaux terrestres. Et pourtant, les fossiles découverts dans un paysage désertique aujourd’hui protégé par l’Unesco en Égypte – la vallée des Baleines (Wadi Al-Hitan) – racontent cette histoire extraordinaire.
Là, sous le sable, se trouvent des dizaines de squelettes parfaitement conservés d’archéocètes, une espèce primitive de cétacés qui vivait il y a environ 40 millions d’années. Ces fossiles sont uniques au monde : ils portent encore les traces des pattes postérieures de ces animaux, minuscules mais bien réelles, témoins d’une étape décisive de l’évolution.

𝑊𝘢𝑑𝘪 𝘈𝑙-𝐻𝘪𝑡𝘢𝑛 (𝘓𝑎 𝑣𝘢𝑙𝘭𝑒́𝘦 𝘥𝑒𝘴 𝘉𝑎𝘭𝑒𝘪𝑛𝘦𝑠) - Source : 𝘜𝑛𝘦𝑠𝘤𝑜
L’histoire des baleines est celle d’un retour. Descendantes de mammifères terrestres proches des hippopotames, elles se sont progressivement adaptées à la vie aquatique. Les archéocètes en représentent une étape fascinante : leurs corps étaient déjà allongés et adaptés à la nage, mais ils conservaient encore des membres arrière. Autrement dit, ces créatures pouvaient marcher sur terre… tout en se lançant dans les profondeurs marines.
Au fil des millions d’années, la sélection naturelle a effacé leurs pattes devenues inutiles. Les membres se sont transformés en nageoires, la queue s’est développée en une puissante palette pour propulser l’animal, et leur physiologie interne s’est adaptée à l’apnée et à la pression des océans.
Le site du Wadi Al-Hitan est aujourd’hui un laboratoire à ciel ouvert, offrant une vision spectaculaire de ce passage de la terre à la mer. Jamais ailleurs au monde une telle concentration de fossiles d’archéocètes n’a été mise au jour. Pour les paléontologues, c’est une véritable bibliothèque de pierre, où chaque squelette raconte une page de l’évolution.
Mais ce lieu ne se limite pas à un intérêt scientifique. Il nous invite aussi à réfléchir à la fragilité et à la puissance de la vie sur Terre. En quelques millions d’années, un groupe de mammifères terrestres a pu conquérir les océans et donner naissance aux baleines que nous connaissons aujourd’hui, capables de traverser des milliers de kilomètres et de communiquer sur des distances inimaginables.
Songeons-y la prochaine fois que nous croisons une baleine : derrière ses nageoires fuselées, il y a le souvenir de pattes oubliées. Ces fossiles d’archéocètes ne sont pas seulement des ossements figés dans la roche : ils sont la preuve tangible que la nature n’est jamais figée, mais en perpétuel mouvement.
Ainsi, la vallée des Baleines, perdue dans les sables d’Égypte, nous rappelle que la mer fut un retour, et que les géants des océans portent encore, en secret, la mémoire d’une vie terrestre.

Squelette de baleines ( Basilosaurus) découvert sur le site de Wadi-Al-Hitan
(Mohammed ali Moussa, CC BY-SA 3.0)

Rien n’est immobile dans la nature, tout change, tout se transforme.
Héraclite d’Éphèse
On a dit du Gène égoïste qu'il était le livre le plus important écrit sur la théorie de l'Évolution, depuis Darwin. Ce livre est devenu un classique dont tous les manuels s'inspirent. La théorie du gène égoïste, nous dit Richard Dawkins, c'est la théorie de Darwin exprimée autrement. Il existe en effet deux manières de considérer la sélection naturelle : celle du gène et celle de l'individu. Plutôt que de se focaliser sur l'organisme individuel, Richard Dawkins adopte le point de vue du gène sur la nature pour démontrer que nous sommes des machines à survie, des robots programmés à l'aveugle pour préserver les molécules égoïstes connues sous le nom de gènes. Éthologue, Richard Dawkins est l'un des plus brillants représentants de la nouvelle école en biologie et se situe dans le courant nodarwinien. Il a étudié sous la direction du prix Nobel Niko Tinbergen la zoologie, à l'université d'Oxford où il enseigne à présent.