Né dans l’ombre d’Attila et devenu mercenaire de Rome, Odoacre n’était pas destiné à entrer dans l’Histoire. Pourtant, en 476, à la tête d’une armée de fédérés révoltés, il renverse le jeune Romulus Augustulus et met un terme à l’Empire romain d’Occident. Roi d’Italie sans être empereur, toléré par le Sénat mais haï de Constantinople, il ouvre la voie à une nouvelle ère...
Odoacre est né vers 433. Son père étant un proche d’Attila, il passe sa jeunesse à la cour du roi des Huns.
Il commence sa carrière militaire en s’enrôlant comme mercenaire dans l’armée romaine d’Occident. L'Empire de Rome est alors en plein déclin, affaibli par des années de pressions extérieures, de troubles internes et de division politiques.
En 475, Oreste, un général romain d'origine germanique, renverse l'empereur légitime Népos et place son propre fils, Romulus Augustulus, sur le trône.
Oreste qui garde la réalité du pouvoir, pactise avec les Wisigoths qui ont déjà pris possession d'une partie de la Gaule et il leur accorde diverses terres et avantages. Les autres groupes barbares qui composent maintenant le gros de l’armée romaine s’estiment moins bien traités que les ennemis de Rome. En particulier les Ruges, les Scyres et les Turcilinges qui exigent de recevoir des terres équivalant au tiers du territoire de l’Italie. Devant le refus d’Oreste d’accéder à leur demande, ils se révoltent. Odoacre qui est l'un de leurs, prend le commandement des mutins. Appelant à l’aide tous les barbares à le rejoindre, il est bientôt à la tête d’une puissante armée.
En 476, Odoacre marche sur Rome et capture Oreste. Il oblige le dernier empereur romain, le jeune Romulus Augustulus à abdiquer. Odoacre ne se proclame toutefois pas empereur à sa place et se contente de se faire élire "roi d'Italie" par ses soldats.
Le sénat de Rome ne voit en Odoacre qu’un dictateur comme le furent avant lui Sylla et César. Il n’a cependant guère d’autre choix que de reconnaître son pouvoir. Il lui attribue le titre de « Patrice », sorte de régent d’Italie et compose avec lui. Les institutions romaines seront préservées et des membres du Sénat seront régulièrement nommés à des postes importants. La prise de pouvoir d’Odoacre marque cependant bien la fin de l'Empire romain d’Occident.
Faute d’empereur d’Occident, Odoacre gouverne l’Italie, en théorie, au nom de l’empereur d’Orient auquel il a restitué les insignes impériaux d'Occident. Au yeux yeux de Constantinople, Odoacre n’est toutefois qu’un usurpateur sans légitimité. Zénon, l’empereur de Byzance, promet au roi des ostrogoths, Théodoric, l’Italie s’il parvient à renverser Odoacre. En 489, Théodoric traverse les Alpes avec ses soldats et pénètre en Italie. Après des affrontements et des négociations, Odoacre et Théodoric finissent par se mettre d’accord pour partager le pouvoir. Ces arrangements ne durent pas longtemps. En 493, Théodoric trahit Odoacre et le tue au cours d'un banquet. Une période de domination ostrogothe commence en Italie…
Le monde s’effondre, et nous feignons de ne rien voir.
Saint Jérôme
Ce livre monumental propose un autre récit de la chute de Rome, faisant des puissances de la nature un acteur essentiel de son destin. Changements climatiques, éruptions et bactéries ont largement pesé dans la décimation de l'Empire, marquant la période qui s'étend du VIe au VIIe siècle, comme la plus grande régression de toute l'histoire de l'humanité en matière de population.
Comment Rome est-elle passée d'un million d'habitants à 20 000 ?
L'Empire tardif a été le moment d'un changement décisif : la fin de l'Optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne. Les changements climatiques ont favorisé l'évolution des germes, comme le bacille de la peste bubonique. Mais " les Romains ont été aussi les complices de la mise en place d'une écologie des maladies qui ont assuré leur perte ". Les bains publics étaient des bouillons de culture ; les égouts stagnaient sous les villes ; les greniers à blé étaient une bénédiction pour les rats ; les routes commerciales qui reliaient l'Empire ont permis la propagation des épidémies. Le temps des pandémies était arrivé.
Face à ces catastrophes, les habitants de l'Empire ont cru la fin du monde arrivée. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l'islam, ont alors triomphé des religions païennes.
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Odoacre dépose Romulus Augustulus (gravure du 19e siècle)