Les nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux après 1990
Depuis les années 1990, le monde a connu une transformation profonde de ses rapports de puissance et de ses enjeux mondiaux. Marquée par la fin de la Guerre froide, la montée en puissance de nouveaux acteurs, et l'émergence de défis globaux, cette période redéfinit durablement les relations internationales.

manifestants célébrant la fin du régime soviétique à Moscou
Un monde en recomposition, entre tensions et coopérations
Depuis la fin de la guerre froide, l’ordre international connaît une mutation profonde. La chute de l’URSS en 1991 a marqué le triomphe apparent des États-Unis, seule « hyperpuissance » qui restait, selon l’expression d’Hubert Védrine. Mais très vite, la mondialisation, la montée de nouvelles puissances et l’apparition de conflits inédits ont dessiné un monde multipolaire, instable et traversé de fractures.
La fin des certitudes : d’un monde unipolaire à une multipolarité incertaine
Dans les années 1990, les États-Unis semblaient dominer sans rival : interventions militaires en Irak (1991), rôle central dans l’OTAN et dans les négociations de paix (accords d’Oslo au Proche-Orient).
La période est aussi marquée par un espoir d’ouverture : la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud (1991-1994), avec l’élection de Nelson Mandela, symbolise la victoire des droits humains et nourrit l’idée qu’un « nouvel ordre mondial » plus juste pouvait émerger. Pourtant, cet optimisme est rapidement rattrapé par la réalité d’un monde plus conflictuel que prévu.
Dès les années 2000, d’autres pôles de puissance se sont affirmés : la Chine, devenue la deuxième économie mondiale, la Russie revenue sur la scène internationale (Géorgie en 2008, Ukraine depuis 2014), l’Inde ou encore l’Union européenne. Cette recomposition a fait basculer le monde vers une multipolarité tendue, marquée par rivalités économiques, diplomatiques et militaires.

Shanghai (en 2015)
Nouvelles formes de conflits : du terrorisme au retour des affrontements de puissances
Les conflits depuis 1990 se distinguent par leur diversité :
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Conflits asymétriques et terrorisme : l’attentat du 11 septembre 2001 aux États-Unis marque un tournant historique. Pour la première fois, une superpuissance est frappée directement sur son sol par un acteur non étatique, Al-Qaïda. En réponse, Washington lance la « guerre contre le terrorisme » (Afghanistan en 2001, Irak en 2003). Mais ces interventions montrent la difficulté des puissances occidentales à lutter contre des réseaux mobiles, et affaiblissent l’image d’un leadership américain incontesté.
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Retour des rivalités entre puissances : Russie et Chine contestent l’hégémonie américaine, donnant lieu à de nouvelles zones de tensions, de la mer de Chine méridionale à l’Ukraine.
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Crimes de masse et génocides : les guerres en ex-Yougoslavie dans les années 1990 ont ravivé le spectre de la purification ethnique en Europe. Le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a révélé l’impuissance de la communauté internationale à prévenir ces crimes.

Crânes humains exposés au mémorial du génocide de Nyamata (Rwanda)
qui commémore les victimes du génocide des Tutsi du Rwanda ( I, Inisheer, CC BY-SA 3.0)
Gouverner un monde instable : un défi collectif
Face à ces crises, l’effort de coopération internationale s’est renforcé, sans toujours suffire :
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La création du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie puis du TPIR pour le Rwanda a ouvert la voie à une justice internationale, prolongée par la Cour pénale internationale (CPI) en 2002.
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Les enjeux humanitaires – gestion des réfugiés syriens, afghans ou subsahariens – posent la question de la solidarité entre États.
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Les défis planétaires comme le réchauffement climatique ou les pandémies ont conduit à des conférences internationales (Kyoto 1997, Paris 2015), sans garantir une action commune réellement efficace.

Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas)à
justflix, CC BY-SA 4.0
Un bilan contrasté
Depuis les années 1990, le monde est à la fois plus interdépendant et plus fragmenté. Multipolarité, terrorisme, résurgence des nationalismes et crises globales dessinent une scène internationale instable. L’optimisme des années 1990, symbolisé par la fin de l’Apartheid, a vite été rattrapé par la montée des rivalités. Le choc du 11 septembre a rappelé la vulnérabilité des puissances et ouvert une ère d’incertitude.
La coopération progresse, mais reste limitée par la concurrence entre États. L’avenir dépendra de la capacité des acteurs à dépasser la logique de rivalité pour relever ensemble les défis du XXIᵉ siècle.
Synthèse en 5 slides
Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux après 1990
Axes | Éléments clés | Exemples / repères |
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Fin de la guerre froide : illusions d’un nouvel ordre mondial | Triomphe apparent des États-Unis, « hyperpuissance » Espoirs démocratiques et droits humains |
Guerre du Golfe (1991) Fin de l’Apartheid (1991-1994) : Mandela élu, symbole d’un monde plus juste |
Un monde multipolaire | Montée de nouvelles puissances : Chine, Inde, Russie, UE Contestation de l’unilatéralisme américain |
Retour de la Russie (Géorgie 2008, Ukraine 2014) Chine : puissance économique et maritime |
Nouvelles formes de conflits | Conflits asymétriques et terrorisme Retour des rivalités de puissances Crimes de masse et génocides |
11 septembre 2001 : Al-Qaïda frappe les USA, guerre contre le terrorisme (Afghanistan, Irak) Génocide des Tutsi (1994) Guerres en ex-Yougoslavie |
Gouvernance mondiale : entre progrès et blocages | Développement d’une justice internationale Gestion des réfugiés et crises humanitaires Défis globaux (climat, santé) |
TPIY (1993), TPIR (1994), CPI (2002) Accords de Kyoto (1997), COP21 (2015) Crises migratoires syrienne, afghane, africaine |
Bilan | Monde interdépendant mais fragmenté Multipolarité instable Coopération limitée par rivalités |
Espoir des années 1990 vite rattrapé par conflits et terrorisme Coopération nécessaire mais fragile |
Cet article s’inscrit dans une série dédiée à la préparation du baccalauréat d’histoire.

Le multilatéralisme est la voie à suivre pour relever les défis mondiaux.
António Guterres, 2023
Secrétaire général de l'ONU
Résumé audio par Amaya
en préparation

L'essentiel en chanson
Cette chanson est pensée pour réviser de façon agréable l'histoire en terminale pour la période des années 1990 et au-delà, concernant les rapports de puissance et les enjeux mondiaux.
Dates clés
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1991 : Fin de l’URSS
→ États-Unis devient l' hyperpuissance -
1991-1994 : Fin de l’Apartheid en Afrique du Sud → Nelson Mandela élu président
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1991 : Guerre du Golfe (1ᵉʳ conflit de l’après-guerre froide, coalition menée par les USA)
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1993-1995 : Guerres en ex-Yougoslavie (Sarajevo, Srebrenica) → crimes de masse
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1994 : Génocide des Tutsi au Rwanda
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1997 : Protocole de Kyoto (climat)
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2001 (11 septembre) : Attentats d’Al-Qaïda aux États-Unis → début de la « guerre contre le terrorisme » (Afghanistan, Irak en 2003)
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2002 : Création de la Cour pénale internationale (CPI)
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2008 : Guerre en Géorgie (Russie ↔ Géorgie)
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2014 : Annexion de la Crimée par la Russie
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2015 : Accord de Paris (COP21, climat)
Notions clés
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Monde multipolaire : plusieurs pôles de puissance (USA, Chine, Russie, UE, Inde…).
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Hyperpuissance : terme d’Hubert Védrine pour désigner la domination américaine dans les années 1990.
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Conflits asymétriques : guerre entre une puissance régulière (armée d’État) et un acteur non étatique (groupes terroristes, guérillas).
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Terrorisme : stratégie de violence politique visant à frapper les civils pour déstabiliser un État.
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Crimes de masse / génocide : volonté d’extermination d’un peuple ou d’un groupe (ex-Yougoslavie, Rwanda).
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Gouvernance mondiale : coopération internationale pour gérer les enjeux globaux (climat, migrations, justice, sécurité).
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Justice internationale : TPIY (ex-Yougoslavie), TPIR (Rwanda), puis CPI (2002).
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Enjeux globaux : climat, santé, migrations, pauvreté, sécurité alimentaire.