La France : une nouvelle place dans le monde
À l’aube de 1945, la France sort de la guerre victorieuse mais exsangue. Le pays, ruiné par l’Occupation et les combats, doit se reconstruire dans un monde dominé par deux superpuissances : les États-Unis et l’URSS. Pourtant, en quelques décennies, la France va réussir à redéfinir son rôle, à transformer ses institutions et à s’ouvrir à de nouvelles formes d’influence, notamment européennes. Ce repositionnement, fruit de choix politiques parfois douloureux, marque la fin d’un certain ordre ancien et l’entrée dans la modernité.

Le Havre, une ville en ruine après la Seconde Guerre mondiale
(Bibliothèque municipale du Havre)
La IVe République : l’Europe en ligne de mire, l’empire en sursis
Née en 1946, la IVe République hérite d’un double défi : rebâtir un pays détruit et maintenir un empire colonial déjà fragilisé. La priorité est la reconstruction économique, soutenue par le Plan Marshall et l’État-providence en expansion. Mais une autre ambition émerge : ancrer la France dans la construction européenne naissante. Pierre Mendès France, figure marquante de cette période, incarne cette vision d’une République rationnelle et ouverte, favorable à une intégration économique et politique sur le continent.
En parallèle, Paris participe à la création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951, préfiguration de l’Union européenne, et signe le traité de Rome en 1957 qui fonde la CEE (Communauté économique européenne). L’idée : garantir la paix par l’économie et inscrire la France dans un marché commun dynamique.
Mais l’ombre de la décolonisation plane. Les guerres d’Indochine (1946-1954) et d’Algérie (1954-1962) mettent à nu les tensions d’un empire sur le déclin. L’échec en Indochine, scellé par Dien Bien Phu en 1954, pousse Mendès France à négocier le retrait. L’Algérie, elle, devient le dossier explosif qui va précipiter la chute du régime.

Pierre Mendès-France (àgauche) et rené Coty (à droite), dernier président de la IVème république
La guerre d’Algérie : fracture nationale et basculement politique
La guerre d’Algérie (1954-1962) n’est pas seulement un conflit colonial : elle divise profondément la société française. Pour les uns, l’Algérie est une partie intégrante du territoire national ; pour d’autres, la décolonisation est inévitable. Les violences, les attentats du FLN et de l’OAS, ainsi que les tensions avec l’armée, minent l’autorité de la IVe République.
En mai 1958, la crise atteint son paroxysme avec l’insurrection d’Alger. Les militaires exigent le retour de Charles de Gaulle, héros de la France libre, pour sauver l’Algérie française — mais aussi pour rétablir un État fort. De Gaulle accepte de revenir, mais impose la rédaction d’une nouvelle Constitution.

1958 : naissance de la Ve République
La Constitution de 1958, approuvée par référendum, marque une rupture. Elle renforce considérablement les pouvoirs du président, assurant stabilité et efficacité à l’exécutif. De Gaulle, élu président en 1959, façonne un régime qui concilie démocratie représentative et autorité forte.
Face à l’Algérie, il choisit progressivement l’option de l’indépendance, scellée par les accords d’Évian en 1962. Ce choix divise ses soutiens, mais clôt un siècle de colonisation.

La constitution de la nouvelle république est adoptée massivement par référendum en 1958
Une France indépendante et modernisée
Sur la scène internationale, De Gaulle défend une politique d’indépendance nationale : sortie du commandement intégré de l’OTAN en 1966, reconnaissance de la Chine populaire en 1964, refus de la domination américaine et soviétique. En Europe, il veut une coopération des nations plutôt qu’un fédéralisme supranational, incarnée par le “couple franco-allemand” avec le chancelier Adenauer.
À l’intérieur, les années 1960 sont celles de la modernisation économique : planification, développement industriel, grands projets d’infrastructures, essor de l’agriculture productiviste. La France entre dans l’ère de la consommation de masse et des Trente Glorieuses.

Les 30 glorieuses
(Puzzle François Ruyer)
Des mémoires encore vives
Aujourd’hui, la guerre d’Algérie reste une mémoire vive, traversée de blessures et de débats sur la reconnaissance des violences coloniales. Les visions de De Gaulle et de Pierre Mendès France — l’une centrée sur l’autorité et l’indépendance, l’autre sur la réforme et l’intégration — continuent d’influencer les débats politiques. Quant à la Constitution de 1958, elle demeure la charpente de la Ve République, même si ses équilibres font l’objet de critiques récurrentes.

Conclusion
De la reconstruction à l’intégration européenne, de la décolonisation à la modernisation, la France d’après-guerre a donc profondément redéfini sa place dans le monde. Ce mouvement, amorcé dans la douleur et l’incertitude, a permis au pays de passer d’un empire colonial affaibli à une puissance moyenne influente, active sur la scène européenne et internationale.
Cet article s’inscrit dans une série dédiée à la préparation du baccalauréat d’histoire.

Gouverner, c'est choisir
Pierre Mendès-France
Résumé audio
en préparation
le poster du plan Marshall

source : E. Spreckmeester (CC0)
L'essentiel en chanson
Cette chanson évoque la France qui prend une nouvelle place dans le monde après le seconde guerre mondiale. Idéal pour mémoriser les notions clés et les dates importantes e
Les dates clés
Reconstruction et IVe République
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1946 : Naissance de la IVe République.
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1951 : Création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier).
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1954 : Défaite de Dien Bien Phu et accords de Genève → fin de la guerre d’Indochine.
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1957 : Traité de Rome → création de la CEE.
Crise algérienne et changement de régime
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1954-1962 : Guerre d’Algérie.
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Mai 1958 : Crise d’Alger et retour de Charles de Gaulle.
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Septembre 1958 : Référendum approuvant la Constitution de la Ve République.
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1962 : Accords d’Évian → indépendance de l’Algérie.
Ve République et politique gaullienne
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1964 : Reconnaissance de la Chine populaire par la France.
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1966 : Sortie du commandement intégré de l’OTAN.
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1969 : Démission de De Gaulle après l’échec du référendum sur la réforme du Sénat.
Quiz – La France : une nouvelle place dans le monde (1946-1969)
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