Faire la guerre, faire la paix : 
Panorama des conflits armés contemporains

La carte mondiale des conflits est encore largement dominée par l’arc de crise, du Sahel au Moyen-Orient. Mais elle ne s’y limite pas : l’Afrique, l’Amérique latine sont elles aussi touchées et la guerre en Ukraine, déclenchée en 2022 par l’invasion russe, nous rappelle que le continent européen, longtemps considéré comme pacifié, n’est pas à l’abri d’un retour de la guerre.


Un « arc de crise » persistant

Les conflits armés actuels révèlent une géographie marquée par un « arc de crise » allant du Sahel au Moyen-Orient et à l’Asie centrale. Cet espace concentre la majorité des guerres et insurrections, souvent nourries par la pauvreté, l’instabilité politique et la montée en puissance d’acteurs armés non étatiques.

Cette notion d’« arc de crise » est malgré tout discutable :  elle correspond surtout à la vision stratégique française de la menace terroriste. De plus, de nombreux autres autres conflits se déroulent à l’extérieur comme par exemple le conflit russo-ukrainien)

Le Proche et le Moyen-Orient

Le Proche et le Moyen-Orient demeurent l’épicentre de la conflictualité mondiale. La Syrie, le Yémen, l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan figurent parmi les pays les plus touchés, avec des guerres longues et particulièrement meurtrières dont voici un bref résumé des principales.

Iran-Irak : huit ans de guerre sans vainqueur

De 1980 à 1988, l’Irak de Saddam Hussein affronte l’Iran de l’ayatollah Khomeiny dans une guerre totale inter-étatique. L’armée irakienne, appuyée par son aviation et ses blindés, se heurte à l’armée régulière iranienne mais aussi aux Pasdaran et aux Gardiens de la révolution, galvanisés par l’idéologie islamique. Le conflit tourne à une guerre de tranchées, ponctuée d’assauts suicides, de bombardements massifs, d’attaques de pétroliers dans le Golfe et de l’usage d’armes chimiques par l’Irak. Après près d’un million de morts, l’ONU impose un cessez-le-feu en 1988 : aucune frontière ne bouge, les deux pays sortent ruinés et brisés.

La première guerre du Golfe (1990 - 1991) : une guerre asymétrique.

Le 2 août 1990, l’Irak de Saddam Hussein envahit le Koweït, riche en pétrole. La communauté internationale condamne l’annexion et impose des sanctions. Sous mandat de l’ONU, une vaste coalition se forme autour des États-Unis. Elle regroupe le Royaume-Uni, la France, l’Arabie saoudite, l’Égypte et d’autres alliés.

L’armée irakienne, forte de 600 000 hommes, fait face à une supériorité technologique écrasante.

Bombardements aériens, missiles de précision et images satellites marquent une guerre nouvelle.

Après six semaines de frappes, l’assaut terrestre expulse les troupes irakiennes en moins d'une semaine.

Les pertes sont massives pour l’Irak, minimes pour la coalition. Le Koweït est libéré, mais Saddam Hussein reste au pouvoir à Bagdad.

Le conflit syrien, d’une révolte à une guerre internationalisée

En 2011, la Syrie s’embrase dans le sillage du Printemps arabe : des manifestations pacifiques contre le régime de Bachar al-Assad sont réprimées dans le sang. La violence d’État pousse à la militarisation de l’opposition, transformant la révolte en guerre civile. Rapidement, le conflit prend une dimension confessionnelle (sunnites contre alaouites/chiites) et attire des groupes djihadistes comme Daech.

Dès 2012, le conflit s’internationalise : l’Iran, le Hezbollah et la Russie soutiennent Assad, tandis que la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar et les États-Unis appuient divers groupes rebelles ou combattent Daech. La Syrie devient un champ de bataille géopolitique.

Aujourd’hui, Assad a repris une grande partie du territoire, mais le pays reste fragmenté : les Kurdes contrôlent le nord-est, des rebelles tiennent des poches, et la Turquie influence le nord. Le bilan est dramatique : centaines de milliers de morts, millions de déplacés, effondrement économique. Ce conflit illustre comment une crise interne peut dégénérer en guerre internationalisé, avec des conséquences humanitaires et politiques durables pour le Moyen-Orient

L’Afrique :  des décennies de violences

Depuis les indépendances des années 1960, l’Afrique a payé un lourd tribut aux conflits : près de 10 millions de morts en soixante ans. La violence s’y manifeste sous des formes diverses – guerres civiles, rébellions séparatistes, terrorisme, mais aussi piraterie maritime.

Trois grandes zones se distinguent par leur intensité conflictuelle :

  • la Corne de l’Afrique et le golfe de Guinée, où prospèrent piraterie et guerres civiles ;
  • l’Afrique équatoriale, marquée par des conflits internes récurrents.
  • La bande sahélienne, devenue le plus grand foyer d’instabilité en Afrique

 

Le Sahel, la lisière sud du Sahara. La photo représente des djihadistes à Tombouctou (Mali)

Sahel : une région en feu depuis 2013

Un cocktail explosif Imaginez une région grande comme l’Europe, où se mêlent djihadistes, trafiquants, milices locales et armées affaiblies. Depuis 2013, le Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, et parfois Tchad et Mauritanie) est devenu l’épicentre d’une crise aux multiples visages. Tout commence après la chute de Kadhafi en Libye (2011), qui inonde la région d’armes et de mercenaires. Résultat : un terrain fertile pour les groupes armés.

Qui se bat contre qui ?

  • Les djihadistes (AQMI, État islamique) lancent des attentats et contrôlent des zones entières.
  • Les armées locales (Mali, Burkina Faso, Niger) peinent à reprendre le dessus.
  • Les milices et groupes d’autodéfense se forment pour protéger les villages, mais aggravent parfois les tensions.
  • Les puissances étrangères (France, ONU, Russie via Wagner) interviennent, mais avec des résultats mitigés.

Pourquoi cette région est-elle si instable ?

  • Des États fragiles : corruption, manque de moyens, populations qui ne font plus confiance à leurs gouvernements.
  • Des ressources convoitées : or, trafic de drogue, routes migratoires… tout ce qui peut rapporter de l’argent.
  • Des conflits communautaires : entre éleveurs et agriculteurs, entre ethnies, ou entre villages.

Un drame humain

  • 8 millions de déplacés : des familles entières fuient vers les villes ou tentent de rejoindre l’Europe.
  • Des milliers de morts : civils pris entre les feux des groupes armés et des armées.
  • Une crise alimentaire : les champs sont abandonnés, les marchés fermés, la faim progresse.

Et demain ? Le Sahel reste un laboratoire des crises du XXIᵉ siècle : terrorisme, trafics, ingérences étrangères. Sans solution politique et économique, la région risque de rester un foyer d’instabilité pour les années à venir.

L’Amérique latine : la guerre des cartels au Mexique

L’Amérique latine connaît elle aussi des formes de violence d’intensité quasi guerrière. Le Mexique illustre ce phénomène avec la guerre des cartels, engagée depuis le milieu des années 2000.

Ce conflit est de type intraétatique, car il oppose l’État mexicain – son armée, sa police fédérale et ses forces spéciales – à des acteurs armés non étatiques, les cartels de la drogue. Ces organisations criminelles, telles que le cartel de Sinaloa ou le cartel Jalisco Nueva Generación, disposent d’armes lourdes, de réseaux transnationaux et d’un contrôle territorial étendu.

Dans certaines régions, notamment au Chiapas, les cartels s’affrontent entre eux mais aussi contre l’État, dans une logique qui mêle guérilla urbaine, trafics transfrontaliers et intimidation des populations. Les violences se traduisent par des milliers de morts chaque année, des déplacements internes et une militarisation croissante de la vie quotidienne.

La situation actuelle reste extrêmement tendue : malgré une présence massive de l’armée et une stratégie de lutte contre le narcotrafic, l’État mexicain peine à reprendre le contrôle de certaines zones, ce qui rapproche cette situation d’un conflit asymétrique prolongé

militaires mexicains affrontant un gang de la drogue

Conclusion

Alors, que retenir de ce panorama ?

La carte mondiale des conflits est encore largement dominée par l’arc de crise, du Sahel au Moyen-Orient.

Mais elle ne s’y limite pas : l’Afrique, l’Amérique latine sont elles aussi touchées et la guerre en Ukraine, déclenchée en 2022 par l’invasion russe, nous rappelle que le continent européen, longtemps considéré comme pacifié, n’est pas à l’abri d’un retour de la guerre conventionnelle

En réalité, à l’ère de la mondialisation… aucun territoire n’est totalement à l’abri d’un embrasement.


La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens

Carl von Clausewitz




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Quiz HGGSP — Panorama des conflits armés contemporains

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10 questions. Choisis une option par question puis clique sur Soumettre.

1. Quel terme décrit l’axe géographique concentrant de nombreux conflits contemporains ?
2. Quel pays n’a pas été cité comme acteur majeur du conflit syrien ?
3. Quelle guerre (1980–1988) a opposé deux États du Moyen-Orient ?
4. Depuis 2013, quelle région africaine est devenue l’épicentre d’une crise mêlant djihadistes et trafics ?
5. Lequel de ces acteurs est typiquement non-étatique ?
6. La « guerre des cartels » au Mexique se caractérise principalement par :
7. Quel événement a rappelé en 2022 que la guerre conventionnelle pouvait revenir en Europe ?
8. Parmi ces causes, laquelle contribue fréquemment à l’instabilité ?
9. Quel est un effet humain majeur décrit pour le Sahel ?
10. Quel type de conflit correspond le mieux à une guerre civile internationale ?

sujet de dissertation

Comment la Syrie est passée d’une révolte populaire à un conflit internationalisé ?

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