Né en 1759 à Nantes dans une famille modeste, Joseph Fouché semblait destiné à une carrière discrète : il étudie dans un collège oratorien, devient professeur, puis entre dans le clergé. Mais la Révolution bouleverse tout. Très vite, Fouché se fait remarquer par son sens aigu de l’intrigue et sa capacité à naviguer dans les eaux les plus troubles.
L’homme de la Terreur…
Élu député à la Convention, il vote sans hésitation la mort de Louis XVI. Envoyé en mission à Lyon en 1793 pour mater une révolte royaliste, il laisse derrière lui une ville traumatisée : exécutions massives, fusillades collectives, destructions… Fouché ne recule devant rien pour “purger” la République de ses ennemis. Sa froideur glaciale lui vaut autant la crainte que le dégoût, même chez les révolutionnaires les plus radicaux.
Fouché, député de la Montagne et ... organisateur de la Terreur à Lyon
(Eug Lami pinx. / Waltener Sculp. - CC0)
… devenu opportuniste sans scrupules
Quand Robespierre tombe en 1794, Fouché retourne sa veste. Lui qui avait été l’un des artisans de la Terreur se pose en modéré, dénonçant les excès qu’il avait lui-même orchestrés. C’est le début d’une carrière politique hors norme : Fouché change d’alliance au gré du vent, trahissant tour à tour ses anciens amis pour se rapprocher des vainqueurs du moment.
Le “ministre de l’ombre”
Sous le Directoire, puis surtout sous Napoléon Bonaparte, Fouché devient ministre de la Police générale. C’est là qu’il gagne sa réputation définitive : un maître-espion à la tête d’un vaste réseau d’informateurs, capable de savoir avant tout le monde ce qui se murmure dans les salons comme dans les cabarets. Fouché intercepte les courriers, infiltre les complots, manipule les opposants, parfois même pour les créer afin de mieux les déjouer.
Un homme que personne ne pouvait vraiment contrôler
Napoléon lui-même, pourtant peu impressionnable, le qualifie de “traître utile”. Fouché joue un double jeu permanent : il sert l’Empereur, mais entretient aussi des contacts avec ses ennemis. Lorsque l’Empire s’effondre, il négocie dans l’ombre avec les Bourbons pour sauver sa peau… et obtient même un poste de ministre sous Louis XVIII.
La postérité d’un intrigant
Jusqu’à sa mort en exil à Trieste en 1820, Fouché incarne le parfait survivant politique. Pour ses admirateurs, c’est un génie de la manœuvre et de l’espionnage. Pour ses détracteurs, c’est l’archétype du traître, prêt à sacrifier quiconque pour rester dans le jeu. Dans l’imaginaire collectif, il demeure le symbole du politicien machiavélique, insaisissable et redouté.

Joseph Fouché, duc d'Otrante.

La politique est la morale des circonstances.
Joseph Fouché

Joseph Fouché, ministre de la police de Napoléon Ier, introduit un officier prussien dans la salle où la Commission du Gouvernement provisoire dirigée par le roi Louis XVIII le 7 juillet 1815