Les 123 ans du Certif' (Certificat d'Études Primaires)

Il y a un siècle, le certificat d’études primaires était un passeport efficace vers l’emploi et l’ascension sociale.


École Primaire Supérieure de garçons de Brignoles (Var) au début du XXe siècle

Instauré en 1866 par Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique de Napoléon III, le certificat d'études primaires (familièrement, le certif' ) est  le diplôme que les jeunes obtiennent en France à la fin de l'enseignement élémentaire. Il voit ses modalités précisés et encadrés par par la loi Jules Ferry du 28 mars 1882, qui rend l'instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans.

Avec la Troisième République, le certificat d'études primaires atteste l'acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul mathématique, histoire-géographie, sciences appliquées, etc.). L’enseignement primaire doit aussi inculquer aux enfants la morale et l’amour de la patrie. Les fables de La Fontaine et la Marseillaise font parties de ce cursus indispensable.

Le niveau scolaire exigé pour obtenir le diplôme est élevé : faire cinq fautes à la dictée est éliminatoire. Le certificat d’études primaires est alors un passeport efficace vers l’emploi et l’ascension sociale. Pour la plupart des enfants de l’époque, il marque l’entrée dans la vie active, ceux qui poursuivent leurs études dans l’enseignement secondaire ne sont encore qu’une minorité.

Après la seconde guerre mondiale, un nombre croissant d’enfants vont poursuivre leurs études au niveau secondaire. Un examen permet aux élèves de CM2 qui le souhaitent de postuler pour une entrée en sixième dans un cours complémentaire, un collège, lycée. Les autres restent à l’école primaire pour passer le certificat d’études.
L’entrée en sixième au cours complémentaire ou au collège conduit à la troisième et au Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC). L’entrée en sixième au lycée, possible à l’époque, a pour vocation d’amener les élèves jusqu’au baccalauréat.
Le choix du lycée est surtout le fait des villes et des familles aisées, le choix du collège ou du cours complémentaire est surtout celui des campagnes et des catégories sociales modestes.

La proportion d’enfants entrant en sixième monte régulièrement et atteint 46% en 1959, date à laquelle la réforme du ministre de l'Éducation nationale, Jean Berthoin, prolonge l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans. Les classes de fin d'études primaires disparaissent alors peu à peu, avec l'allongement de la scolarité obligatoire.

La mise en place du collège unique en 1975 sonne le glas du certificat d'études primaires qui sera officiellement supprimé en 1989, mettant fin à une existence de plus de cent ans.

 

Classe du certificat d'études primaires à Barlin, en 1938.

C'est un phénomène classique que la déchéance des études s'accompagne de l'inflation des diplômes et des titres.

Jean-François Revel


Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique du Second Empire (photo : Pierre Petit)