L'Histoire débute en Mésopotamie

Pendant des millénaires, la Mésopotamie fut le foyer de nombreuses civilisations issues de la révolution néolithique. C’est dans cette région  qu’apparurent  la roue, l'écriture, la voile, l'irrigation, la bière, les concepts de droits civils, de propriété, de journée de 24 heures, etc.


Les premières communautés agricoles

L’histoire de la Mésopotamie commence au début du néolithique quand l’homme passe pour la première fois d’une économie basée sur la chasse et la cueillette à une économie de production, fondée sur l’agriculture et l’élevage.
Les premiers villages qui témoignent de la sédentarisation de l’homme apparaissent au VIIe millénaire avant J.-C. dans les régions montagneuses du Tigre, au nord de la Mésopotamie. Les communautés villageoises agricoles vont  ensuite progresser peu à peu vers le sud et s’étendre jusqu'au Golfe persique. La céramique, connue depuis longtemps, devient  de plus en plus élaborée.  L’usage de briques crues moulées pour la construction et l'irrigation font leur apparition.  La roue est inventée par les Sumériens, à l'aube du 4e millénaire avant notre ère.

Fragment de bol en céramique datant du VIe millénaire avant J.-C.

Fragment de bol en céramique datant du VIe millénaire avant J.-C.

Les premières villes et l'invention de l'écriture

Les premières villes font leur apparition entre 4000 et 3000 ans avant J.C. notamment Uruk qui préfigure d’autres cités-États, c’est-à-dire des grandes villes avec chacune son propre gouvernement, qui vont se créer en Basse Mésopotamie. La population d’Uruk aurait pu atteindre entre 25.000 et 50.000 habitants.
C’est dans cette région que l’écriture voit le jour, ainsi que le sceau-cylindre, un sceau gravé en creux, qui laisse son empreinte sur les tablettes d’argile sur lesquelles on le fait rouler.
La cité d’Uruk qui perdure jusqu’au IIIe siècle de notre ère,  joue un grand rôle sur les plans religieux et politique pendant quatre millénaires.

Sceau-cylindre et empreinte : bataille entre héros et animaux (musée du Louvre)

Sceau-cylindre et empreinte : bataille entre héros et animaux (musée du Louvre)

L'époque sumérienne

Entre 2900 et 2350 avant J.-C. des élites politiques et religieuses prennent l’ascendant et créent les premières dynasties de l’histoire dans plusieurs cités-États, comme  Ur et Lagash en pays de Sumer. C'est vers cette époque que le roi  Gilgamesh réalise les exploits qui vont nourrir la mythologie sumérienne pendant des siècles et influencera le récit des 12 travaux d’Hercule ainsi que ceux de l’Ancien Testament.  

"L’Épopée de Gilgamesh"  transcrite sur des tablettes d’argile en signes cunéiforme

"L’Épopée de Gilgamesh"  transcrite sur des tablettes d’argile en signes cunéiforme
Source : BnF/bnf.gallica.fr.

La première unification de la Mésopotamie : l'empire d'Akkad

Vers 2300 avant JC, le roi Sargon 1er prend le pouvoir dans la ville de Kish. Il étend rapidement sa domination à toute la Mésopotamie. Avec Sargon, pour la première fois dans l'histoire du Moyen-Orient, apparaît un ensemble englobant des peuples d’origines et de langues différentes. Ceux du nord parlent l’akkadien, une langue sémitique distincte du sumérien des populations du sud. Sargon établit la capitale de son empire à Akkad et sera le premier d’une dynastie qui gouverne la Mésopotamie unifiée pendant quelques décennies.

Sargon d'Akkad

Sargon d'Akkad
(photo d'un bronze prise par Hans Ollermann, CC BY-SA 2.0 )

Le retour des royaumes sumériens

Vers 2100, l’empire d’Akkad se désagrège et les anciens royaumes sumériens réapparaissent. De nouvelles familles reprennent le pouvoir dans les cités-États comme Lagash ou Ur. Dans la Bible, la Ur des Chaldéens sera identifiée comme la ville d'origine du Patriarche Abraham.

Les conquêtes nomades et le premier essor de Babylone

Quelques siècles plus tard ces dynasties cèdent à leur tour le pouvoir aux nomades amorrites venus du nord-ouest et qui vont s’implanter dans toute la Mésopotamie. Au sud, ils vont impulser l’essor de Babylone. Vers le milieu du XVIIIe siècle avant J.-C., le roi Hammurabi fait du royaume babylonien la principale puissance de la Mésopotamie. Il est aussi à l'origine du  premier recueil d'envergure de lois écrites de l’histoire de l’humanité: le  Code de Hammurabi (voir encart en colonne de droite).

Vers le XVe siècle avant J.-C., la Mésopotamie se fragmente de nouveau. Au sud, le peuple des Kassites, originaires des montagnes du Zagros, s’empare de Babylone et adopte sa culture. En Haute Mésopotamie, au nord dans l’actuelle Syrie, une dynastie hourrite installe le royaume du Mittani tandis qu’émerge une nouvelle puissance en Assyrie, dirigée depuis la cité d'Assur, dans l’actuelle Irak

 

La Mésopotamie et ses voisins vers 1450 avant J.-C.

La Mésopotamie et ses voisins vers 1450 avant J.-C.

L'empire assyrien et son successeur néo-babylonien

A partir du Xe siècle avant J.-C., les rois de l’Assyrie soumettent peu à peu leurs voisins et finissent par bâtir un empire qui s’étend jusqu’en Palestine et en Égypte. Au VIIe siècle Babylone reprend l’ascendant et redevient la principale puissance de la Mésopotamie en récupérant l’essentiel de l’empire assyrien. Cet empire néo- babylonien connait son apogée au VIe siècle avant J.-C., sous Nabuchodonosor II.

Le lion de Nabuchodonosor II à Babylone,

 Le lion de Nabuchodonosor II à Babylone,
panneau  sur la voie reliant le temple de Mardouk au temple de l'Akitu (musée du Louvre).

Le nouvel empire babylonien ne dure cependant pas longtemps. Il est absorbé par l’empire perse des achéménides quand Cyrus le grand s’empare de Babylone en 539 av. J.-C.

Après les Perses , ce sont les Grecs séleucides qui prennent le contrôle de la Mésopotamie suite aux victoires d'Alexandre le Grand au IVe siècle avant J.-C.  Suivent les Parthes arsacides et les Perses sassanides aux siècles suivants.

apisserie d'Aubusson du 17e siècle : Entrée triomphale d'Alexandre dans Babylone.

Tapisserie d'Aubusson du 17e siècle : Entrée triomphale d'Alexandre dans Babylone.

La Mésopotamie perd peu à peu de son identité au fil des domination étrangères et, au début de notre ère, l’antique culture mésopotamienne et son écriture cunéiforme si particulière sombrent dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte par les archéologues du XIXe siècle.

Bas-relief de la chasse aux lions d'Assurbanipal, découvert à Ninive
(Zunkir, CC BY-SA 4.0)

J'ai transporté du sable et soulevé du sel, mais il n'est rien de plus lourd qu'une dette !

Instructions de Shuruppak

Fragment des Instructions de Shuruppak, un texte  rédigé en sumérien, contenant une liste de conseils de sagesses, considéré comme précurseur des 10 commandements.

vers 2500 av. J.-C. - Institut oriental de Chicago


Mésopotamie

Le nom Mésopotamie vient du terme grec Mesopotamía (Μεσοποταμία) composé de  mésos qui veut dire "entre" et potamós qui signifie  "fleuves ". La Mésopotamie est donc le pays entre deux fleuves  :  le Tigre et l'Euphrate. Aujourd’hui le Tigre et l’Euphrate se rejoignent pour former le Chatt-el-Arab qui se jette dans le Golfe persique, mais durant l'Antiquité le littoral était situé plus au nord et les embouchures des deux fleuves étaient séparés. La Mésopotamie correspond pour une bonne part à l'Irak actuel.


Tablette de l'Épopée de Gilgamesh
(Photo de Mike Peel - CC BY-SA 4.0).



Histoire thématique


Le code d'Hammurabi

Les tout premiers textes législatifs mésopotamiens furent ceux d'Urukagina, le roi de Lagesh vers le 24e siècle av. JC, puis ceux d’Ur Nammu, le souverain d’Ur au 21ème siècle et ceux de Lipit-Ishtar, le roi de la cité-État d’Isin. Ces textes étaient cependant d’application très locale et encore très incomplets. Les peines encourues par les contrevenants étaient faibles, des amendes pour l’essentiel.

Au 18ème siècle, le Code du roi Hammurabi, sera le premier recueil d’ensemble de lois écrites de l’histoire de l’humanité.

Il nous est parvenu grâce à une stèle été gravée à Babylone, dans l’actuel Irak, vers 1760 avant J.-C.

stèle du Code d'Hammurabi

 stèle du Code d'Hammurabi (musée du Louvre)
Photo de Larry Koester via Flickr (
CC BY 2.0)

Au sommet de la stèle le roi Hammurabi  reçoit les lois du dieu-soleil Shamash, patron de la Justice. Il s’agit de montrer ue les lois sont d’inspiration divine et que le roi n’en est que le dépositaire et le responsable de leur application.

Code d'Hammurabi - détail

Le texte dans la partie inférieure, gravé en caractères cunéiformes, contient 282 lois divisées en chapitres concernant les différents domaines (droit commercial, droit des familles, crimes et délits, etc.) et précisant les différentes catégories d’infractions et de punitions. Le principe de base est pour l’essentiel la loi du talion. : « Si quelqu'un a crevé un œil à une personne, on lui crèvera un œil ; s’il casse un bras d'un autre homme, son bras sera cassé ; si une maison mal conçue s’écroule et tue son propriétaire, le maçon sera mis à mort ; etc.. Les peines sont toutefois modulées en fonction du statut social des personnes impliquées. Le crime d’un notable sera probablement puni de mort alors que celui d’un esclave pourra n’être qu’une amende. Parfois la loi du talion prend une forme étonnante, ainsi un vendeur de vin qui ajoutait de l’eau dans son vin mourait dans l'eau : il était puni par noyade dans un fleuve.

Le code de Hammurabi aura une influence sur le droit pendant de nombreux siècles.


Le mythe de la tour de Babel

La Tour de Babel
(vue par Pieter Brueghel l'Ancien)

La tour de Babel est mentionnée dans un épisode biblique qui fait suite au déluge dans le Livre de la Genèse. Elle pourrait avoir été inspirée par une tour à étages ou ziggurat dédiée à Marduk, un dieu protecteur de Babylone. En akkadien Bāb-ilani signifie "la porte des dieux", le lien entre la Terre et le Ciel. En hébreu, la tour de Babel devient Migdal Babel ( מגדל בבל) d’où la toute autre signification qu’elle prend dans le récit biblique du fait d’une confusion avec un autre mot hébraïque, qui signifie « bredouiller » ou « confondre ». La tour de Babel devient alors un mythe autour de la diversité des langues, du rôle civilisateur de la ville.

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